Archive for mai, 2009

Moderne moyen-âge

Mardi, mai 26th, 2009

castle

L’une des caractéristiques du moyen-âge est le pouvoir monopolistique sur un territoire géographique (impôts divers sur les locaux, droits de passage, embrigadement, etc) via l’emploi de la force sur ce territoire. Pas d’élections, pas de débat démocratique. Se soumettre ou partir, voilà finalement le seul choix.
Cet exercice de la force brutale sur un territoire a disparu aujourd’hui.
En France nous avons le privilège de voir se réexercer cette force brutale non plus sur des territoires, mais sur des services publics (enfin soit disants tels).
Voulez-vous emprunter un train ? tous les 3 mois il vous faudra cracher au bassinet d’une augmentation de salaire ou d’effectifs. Renâclez-vous ? au nom du droit de grève on vous empêchera d’utiliser le prétendu service public.
Il est aussi normal et légitime que vous puissiez dormir sur un quai de gare avec vos enfants, qu’il est normal et légitime que le gréviste ait le droit de faire grève et même d’imposer l’arrêt de travail aux non grévistes.
Voulez-vous de l’électricité ? Même musique.
Voulez-vous du gaz ? Même musique.
Voulez-vous que vos enfants profitent de l’université ? Même musique.
Voulez-vous prendre le bus à Marseille ? Même musique.
Voulez-vous prendre le tramway à Grenoble ? Même musique.
etc, etc.
Tous ces services publics sont désormais devenus de facto des fiefs de bandes organisées à partir desquels la population est régulièrement rançonnée.
Et comme au moyen-âge, ce sont les serfs qui payent les pierres des châteaux d’où partent les mises à sac.
Comme au moyen-âge, les chefs de bande n’hésitent pas à venir sur la place centrale du village, aujourd’hui le journal de 20h00, pour proférer leurs exigences à la population.
Vous rêviez d’une machine à remonter le temps ? Les syndicats l’ont construite pour vous !

La constitution d’oligopoles industriels et l’asymétrie qui en résulte entre con-sommateurs et vendeurs est une autre forme de retour au moyen-âge. J’essaierai d’aborder ce sujet prochainement.

La question est évidemment : jusqu’où peuvent aller toutes ces asymétries ?
A mon avis, très loin. Nous sommes loin d’avoir tout vu et la résistance frontale est probablement vaine.

Création monétaire

Lundi, mai 25th, 2009

billets04Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi.
Maurice Allais, La Crise mondiale aujourd’hui
Maurice Allais (Français, prix Nobel d’économie 1988)
http://allais.maurice.free.fr/

Croissance négative

Vendredi, mai 15th, 2009

Je ne regarde pas assez la télé. Ce midi, benoitement, je l’ai allumée et j’ai entendu avec mes oreilles à moi le gars parler de croissance négative.
Je l’avais déjà lu, mais ça m’avait modérement frappé.
Mais là, de l’entendre, de voir le gars dire ça comme si c’était naturel, savoir que ça peut être servi comme ça à des millions de « gens » … ça m’a fait un choc.
J’ai l’impression d’être juste un peu avant le défilé du « roi est nu ».
On peut donc (encore ?) dire que « les habits sont transparents » sans avoir l’air d’un complet débile.
Ca en dit long sur la manière dont la population est perçue par les gouvernants (sans doute hélas à juste titre).
« Papy, c’est le curé, il est venu te dire bonjour et de dire quelques mots. Il dit que ta fièvre c’est parce que tu pètes le feu. Tu ne dois surtout pas t’en faire, demain ça ira mieux. »

« croissance négative » c’est vraiment le degré zéro.
C’est la pauvreté, que dis-je la misère, de l’astuce qui laisse pantois.
Si encore le présentateur disait ça avec un sourire en coin, un brin narquois. Non, non, aussi sérieux que pour annoncer que 2+2=4. … et ça doit donc suffire à berner la population.
à quel point nous sommes rendus !
Je suis trop sensible aujourd’hui, mais je ressens ça comme la fin de l’illusion d’un monde éduqué/instruit/civilisé.
On est vraiment dans la matrice.
Il n’y a quasiment plus que des pucerons exploités par des fourmis.

PS: Dieu merci, ça n’empêche pas de perdre le nord, préavis de grève SNCF pour bientôt, pas de quartier tant qu’il restera une petite cuillère dans le buffet.

Mimétisme, artifices, leurres et ruses

Vendredi, mai 15th, 2009

poisson_pierre
Mimétisme, artifices, leurres, ruses, tromperies, camouflage, déguisement, supercherie, appats, tout cela est inhérent au monde biologique.
Toute créature biologique doit en effet manger … et éviter d’être mangée.
Et dans les 2 cas, il est intéressant d’atteindre l’objectif avec une dépense énergétique minimale.
Ces 2 objectifs peuvent bien sûr aussi être atteints en faisant appel à la force brute (mais pas toujours), mais un peu d’astuce permet d’économiser bien des efforts … et donc de durer.
Ainsi, s’il s’annonce de trop loin, le lion ne pourra pas rattraper l’antilope convoitée; par contre à l’affut et/ou avec un peu de ruse, l’affaire devient nettement plus jouable.
Inversement, pour échapper à ses prédateurs, la grenouille pourrait passer son temps terrée, ou développer ses compétences en vitesse de fuite; mais camouflage et mimétisme sont une autre solution, bien plus économique.

Ces stratégies sont actives en permanence et partout dans le monde animal. Chaque chasseur, chaque pêcheur le sait bien.
Il en va exactement de même dans notre monde. Mimétisme, artifices, leurres, ruses, tromperies, camouflage, déguisement, tout cela est notre pain quotidien, toute l’année, 7j/7 et 24h/24. Bien sûr tout cela est recouvert d’un vernis de « civilisation », de costumes, cravates, poignées de main, sourires, cérémonial, papier à en-tête, promesses, cadeaux, etc … mais la fonction est fondamentalement la même, permettre aux plus rusés de manger au détriment des moins rusés, tout en minimisant l’énergie à fournir.
Le « cadre légal » dans lequel nous évoluons n’est qu’une protection illusoire pour les naïfs. Il protège peut-être contre certains dangers très directs, mais à force de complexité il est de facto devenu un allié objectif des plus malins. Dans notre société humaine, cette complexité permet désormais l’industrialisation du processus de plumaison.
La façon dont le secteur bancaire se gave et se goberge ainsi au détriment du reste de la société est l’exemple même d’une magnifique et incroyablement efficiente machine à plumer.
Les millions de retraités américains qui voient simultanément, leurs impôts (et les dettes des générations suivantes) engloutis par les banques et leurs retraites (capitalisées) laminées par les mouvements boursiers …  et qui doivent désormais se remettre au travail, n’auront même plus le temps d’y méditer.

Les élus et la dette

Mercredi, mai 13th, 2009

Un élu c’est (et c’était) jamais qu’un citoyen.
Les élus, ils sont fabriqués avec et dans le terreau des citoyens.
Quand on voit comment un simple citoyen se métamorphose souvent juste après avoir été élu simple conseiller municipal (souvent sans avoir absolument rien fait).
Ou même parce qu’il devient délégué d’une association de 3 personnes.
Dr Jekyll et Mr Hyde c’est rien à coté.

Le statut d’élu confère largement une sorte d’impunité/irresponsabilité.
Un  truc que j’osais pas faire avec mon costard de simple citoyen, j’enfile mon costume d’élu, et hop, miracle, je peux le faire.
Je me rappelle avoir entendu ces mots publics d’une conseillère municipale : « on est élus, on peut faire ce qu’on veut ! ». (et on ne s’en prive d’ailleurs pas !). Ca pourrait être anecdotique, mais j’ai peur que ça ne le soit pas.

1 euro de son budget de citoyen, ça mérite réflexion;
10.000 euros du budget collectif, ce n’est plus rien, ça ne mérite même pas d’y penser.
Il n’y a plus qu’un verbe qui s’y applique : « dépenser ».
Allouer/budgétiser/deviser/remplacer/annuler/optimiser = inapplicables.

En plus, pour que le machin fonctionne, faut surtout pas s’arrêter.
Une pause, et crac c’est désamorcé.
Alors on dépense, même les années où c’est pas nécessaire.

C’est désormais culturel.
Un mot qui a acquis un statut quasi magique depuis 25 ans (au moins), c’est le mot « subvention ».
Un problème quelconque et crac, le mot magique « subvention » va pouvoir prouver sa puissance.
« Force de la Subventyon », Alakazam, nous invoquons ta puissance.
La seule évolution notable, c’est l’élargissement du rayon de crédit, désormais il faut dire « subvention européenne ». C’est plus fort.

Dans le moindre patelin de 200 habitants, une séance de conseil municipal, c’est délibération/subvention, délibération/subvention, délibération/subvention …
On a l’impression de pomper de l’eau dans une nappe phréatique infinie.
(De la bonne eau qui sert le plus souvent à arroser du sable).

… mais le temps des bulles d’air dans la pompe n’est sans doute plus loin.

Le problème de la dette, c’est loin d’être juste un problème d’élu. C’est le problème de plusieurs générations qui ont vécu dans un système de Ponzi pas encore craqué, et qui pensent désormais que l’argent est aussi disponible que l’air et qu’en plus il est la solution de tout.

Traçage : coloration d'une rivière à la fluorescéine

Mercredi, mai 13th, 2009

yonvert

Traçage, traçabilité,
… dommage qu’on ne puisse pas faire la même chose avec les flux de liquidités déversés dans les banques.

Aujourd’hui on sait (quand on veut) repérer l’origine d’un bout de steack … mais 15 jours après avoir été déboursés, les états sont incapables de savoir où sont passés les milliards injectés dans les banques.

[Plus techniquement, on se demande si les logiciels employés pour modéliser le fonctionnement des "aquifères karstiques" par exemple, ne pourraient pas être une source d'inspiration en finance.]

Le rallye boursier actuel

Mercredi, mai 13th, 2009

J’ai mauvais esprit, mais on dirait presque un golden hello à Obama de la part des banques.
« Tu nous a gavé de fric c’est vrai, mais on n’est pas chiens, pour montrer notre reconnaissance et saluer ton arrivée on t’offre 30% de hausse d’un bloc », un rallye à graver sur les tablettes.

… en plus si ça peut aussi aider à bien saisir la contraposée, ce n’est que mieux.

Je n’ai rien contre l’injection de fric, mais si on ne change pas les sommets des organigrammes en même temps, ça va non seulement servir à rien, mais on va reculer pour mieux sauter.

On dirait l’injection d’un accélérateur de croissance dans une tumeur.

La crise au ralenti

Mercredi, mai 13th, 2009

chdlv05

L’analogie qui me vient à l’esprit est celle d’un choc en voiture avec les airbags qui déclenchent, la ceinture de sécurité qui se tend, etc,
mon sentiment est qu’on est dans cette phase.
Mais, ce n’est pas parce qu’on ne se mange pas instantanément le tableau de bord dans la figure, grâce justement à des amortisseurs divers et manoeuvres dilatoires, qu’on va y couper.
Mais tant qu’on aura encore toutes nos dents, on va se dire « ben finalement, c’est pas trop grave cette crise ».
En plus les manoeuvres dilatoires actuelles sont overshootées et mal ciblées.
Pour éviter d’écraser le chat on va faucher tout l’arrêt de bus.
Mais, on aura réussi à différer le choc de quelques secondes.
Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour ne pas se réveiller !